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'CH - La Suisse en kit (Suissidez-vous!)': la bande son!

Tous les pays, même les moins musicaux du monde, ont un univers sonore traditionnel et populaire fait de rondes et de chansons apprises – imposées – à l’école, d’hymnes nationaux plus ou moins bien mémorisés, de mélodies de boites à musique et de rengaines ringardes, loufoques ou sentimentales, transmises de génération en génération.


À l’occasion du vernissage de mon livre CH, c’est à la pianiste Oksana Ivashchenko, mon amie et partner in crime (nous avons beaucoup travaillé en récital), que j’ai demandé d’illustrer une partie de ce patrimoine musical populaire suisse évoqué dans mon livre.


Oksana Ivashchenko est une extraordinaire pianiste virtuose, formée au très sérieux Conservatoire Reinhold Glière de Kiev, qui a joué un rôle considérable, quoiqu’involontaire, dans sa spécialité : l’improvisation autour de n’importe quel thème musical.

 

Sur la base des morceaux mentionnés dans CH, et à partir d’une liste que je lui ai fournie, des partitions que j’ai pu lui trouver et des enregistrements disponibles sur youtube, Oksana a concocté un brillant et facétieux pot-pourri de certains des tubes suisses les plus célèbres que j'ai agrémentés de tout un patrimoine artistique et photographique qui a aussi servi à l'écriture de ce portrait décalé de la Suisse.

 


-    Le fervent Cantique suisse (1841), l’hymne national suisse (musique du moine cistercien uranais Alberik Zwyssig, sur des vers allemands du journaliste zurichois Leonhard Widmer), dont l’adaptation en français par le pasteur vaudois Charles Chatelanat, commence par Sur nos monts quand le soleil, passe les Alpes et débouche, dans la même tonalité, sur la mer et sur Santa Lucia (1849) du compositeur napolitain Teodoro Cottrau.


-    Le féroce Roulez, Tambours, l’hymne martial genevois, composé par l’écrivain Amiel (1821-1881) entre deux griffonnages frénétiques dans son Journal, s’adoucit en teintes romantiques plus représentatives de leur auteur.


-    Le sentimental Sentiers valaisans, l’hymne alpin et même alpiniste, du Valais, sautille de croche en croche et de roche en roche tel un bouquetin espiègle qui finirait en tyrolienne.


-    Tout simplement, (et chantons en cœur le pays romand, de tout notre cœur et tout simplement) d’Emile Jaques-Dalcroze (1865-1950), créateur de la « rythmique », se met à balancer comme un Vaudois et son équipe, qui auraient pris une quillée lors d’une virée.


-    Allons danser sous les ormeaux, le grand succès de Jean-Jacques Rousseau tiré du chœur final de son opéra 'Le Devin du village' (1752), se mue en Purcell, voire en Bach et finit par faire jazzer dans les chaumières.


-    Ah ! le petit vin blanc, musique de Charles Borel-Clerc (1879-1959), paroles de Jean Dréjac, un classique des tavernes et autres carnotzets vaudois, se fait valse de Vienne après un coup de téléphone intempestif.


-    L’Oiselet a quitté sa branche, d’Emile Jaque-Dalcroze picore chez Chopin et finit comme il a commencé, en Marche funèbre.


-    Dans la vie faut pas s’en faire, du compositeur genevois Henri Christiné (1867-1941), vient rappeler que le calvinisme, c’est bien, mais que la vie, c’est mieux, surtout en fox-trot.


-    La Petite Tonkinoise, du même Henri Christiné, garde son exotisme jusqu’au bout en devenant tango passionnel.


-    Valentine et ses petits petons, toujours du même Christiné, filent du très bon coton avec la gamme de La Mélodie du bonheur.


-    Le Picoulet, une ronde traditionnelle, débouche harmonieusement, à force de tournicoter, sur le 'Matin' de la suite de Peer Gynt, d’Edvard Grieg.


-    Là-haut sur la montagne ('Le Vieux chalet'), de l’abbé Bovet (1879-1951), hésite entre devenir une sonatine de Mozart ou terminer en jazz afro-cubain.


-    Les cloches bovines du chant immémorial fribourgeois  Le Ranz des vaches (Liaubaaaa, Liau-au-baaaa), flirtent avec celles de Big Ben, puis se fondent en une comptine à la Schumann, période 'Scènes d’enfants', avant de tirer la langue et de faire un pied-de-nez bien mérité à Offenbach.


-    Grüezi wohl, Fran Stirnimaa (1969), composé par Mario Feurer, LE tube suisse allemand par excellence, finit par se faire chopsticker et conclut le récital façon Chaplin.


Qui a dit que la musique suisse était ennuyeuse ?

 

©Sergio Belluz, 2015.


P.S. Un grand merci à mon ami Harold Denneulin, compositeur-interprète et ingénieur du son à ses heures, qui s’est chargé de l’enregistrement de ce mini-récital.

 

Sergio Belluz, CH La Suisse en kit (Suissidez-vous!)

 

Sion: Xenia, 2012

ISBN: 978-2-88892-146-2

 

 

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29/06/2015
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