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Une grande saga dont le scénario est dû à l’écrivain Hatsuo Sekikawa. Le titre vient de l’œuvre très célèbre de l’écrivain Natsume Soseki, auteur de Botchan, qui est un prétexte pour une grande fresque historique sur le Japon de la fin de l’ère Meiji, autour de 1906-1910, un moment clé de l’histoire japonaise, où les influences occidentales et les traditions japonaises se mêlent, où le Japon s’industrialise, avec les problèmes sociaux que cela implique, ainsi que les dégâts pour l’environnement.

C’est l’époque de la création du parti communiste japonais et des mouvements anarchistes, de la guerre avec la Russie pour les Kouriles, de l’occupation de la Corée par le Japon et du culte de l’Empereur-Dieu instauré quelques siècles avant pour unifier les shôgun et centraliser le pouvoir (un peu à la Louis XIV).

Cette saga magnifique nous fait rencontrer, outre l’écrivain Natsume Soseki, auteur de Je suis un chat (1905) et du fameux Botchan (1907 ?), et d’autres écrivains comme Ishikawa Takuboku, le poète désargenté et bohème, Futabatei Shimei, le créateur de l’écriture en japonais « parlé », qui a une superbe histoire d’amour avec une danseuse allemande, Elise Weigert, on y croise les grandes figures politiques de cette époque : Shusui Kotoku, impliqué dans la préparation d’un attentat contre l’Empereur, Sukago Kanno, une jeune fille révoltée, Rikisaku Furukawa, et toutes les figures importantes des mouvements anarchistes et socialistes de cette époque, notamment après la traduction de Kropotkine.

Absolument magnifique.

Panorama du roman graphique* # 107 : Jirô Taniguchi, Au temps de Botchan, 5 tomes (Paris : Seuil, 1987)

(la suite au prochain épisode)

*On devrait dire « narration graphique »: sous l’étiquette commerciale de « roman graphique » (de l’américain « graphic novel ») sont réunies des bandes dessinées pour adultes où l’on trouve fictions, biographies, récits de voyage ou reportages.

©Sergio Belluz, 2015.