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Max Frisch et le mythe suisse

Fabuleux, le Max Frisch de Guillaume Tell pour les écoles (Héros-Limite, 2014), quel texte !

 

Mine de rien, Frisch, se basant sur les études historiques les plus pointues, démonte le mythe, avec sa plume sèche coutumière, et cette manière si personnelle de dépouiller les personnages de leur fausse identité en laissant leur vie « ouverte », en montrant qu’il y a plusieurs versions d’une vie selon la manière de la voir.

 

Le texte commence de manière typiquement frischienne (c’est moi qui souligne) : « Probablement [l’original doit être « wahrscheinlich »] Konrad von Tillendorf, un homme jeune et déjà ventripotent pour son âge, alors résident du château de Kyburg, ou peut-être un autre du nom de Grisler et exerçant les mêmes fonctions, en tout cas un chevalier sans goût pour le paysage, voyageait par une estivale journée de l’an 1291 dans la région dite aujourd’hui Suisse primitive. Probablement que le foehn soufflait » etc...

 

La structure du livre est aussi très originale : deux pages de la légende avec renvoi à des notes sur les deux pages suivantes, un jeu narratif sur la forme stylistique même du manuel scolaire, d’où le titre (en allemand : Wilhelm Tell für die Schule).

 

Ce texte, paru chez Suhrkamp à Francfort en 1970, puis à La Cité/L’Âge d’Homme en 1972 (pour Paris et la Suisse), a été superbement retraduit par Camille Lüscher et réédité chez Héros-Limite, grâce à un soutien de Pro Helvetia et de la Fondation suisse pour la culture, avec une préface, assez inutile et plutôt obscure de Bernard Comment.

 

©Sergio Belluz, 2017,  le journal vagabond (2014).

 

Illustration : Konrad von Tillendorf, alias "Le Baron Gessler" à la sortie d'une discothèque de Kyburg.

 

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06/11/2015
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