sergiobelluz

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* Art Spiegelman *


Panorama du roman graphique # 08 : Art Spiegelman, 'Breakdowns' (1978)

Réédition d’un album-clé dans la carrière de Spiegelman, d’abord parce qu’il y explore, dans divers chapitres qui sont comme des nouvelles séparées, différentes techniques en pastichant en vrac Warhol, Picasso, Crumb, les soap operas, le film noir, les comics trips et les différents types de narrations visuelles, mais aussi parce que l’échec de cette publication (dans les années 70), l’a fait se concentrer sur Maus, son chef-d’œuvre, une parabole de l’Holocauste, où les Juifs sont des souris, une vermine dans un monde de chats…

 

Superbe, intelligent, sensible, avec une réflexion sur la notion d’art mineur ou d'art majeur, et une déconstruction des différents types narratifs, tout en replaçant l’ensemble dans un projet autobiographique, son enfance, le Dick Van Dyke Show à la télévision, ses parents immigrés de Pologne avec leur fort accent yiddish, le suicide de sa mère, sa découverte de la BD...

 

Brillant.

 

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Panorama du roman graphique* # 08 : Art Spiegelman, Breakdowns (Paris : Casterman, 2008).

 

 (la suite au prochain épisode)

 

*On devrait dire « narration graphique »: sous l’étiquette commerciale de « roman graphique » (de l’américain « graphic novel ») sont réunies des bandes dessinées pour adultes où l’on trouve fictions, biographies, récits de voyage ou reportages.

 

©Sergio Belluz, 2015.


25/05/2015
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Panorama du roman graphique # 07 : Art Spiegelman, 'À l’ombre des tours mortes' (2004)

Superbe livre-témoignage très autobiographique autour des attentats du 9 septembre 2001. Spiegelman vivait alors dans le Lower Manhattan, près de Ground Zero. Magnifique album sur sa réaction, sur l’ambiance de fin du monde, sur le nationalisme américain exacerbé par George Bush et les Républicains, alors au pouvoir, avec la guerre punitive en Irak ensuite.

 

Très grand format, qui se lit par grandes planches verticales, comme un calendrier, et qui est fait de collages dessinés, de cartes postales, de photos, de publicités, et de brillants pastiches des grands strips newyorkais comme Hogan’s Alley de Richard Outcault (des gamins dans un ghetto du Lower Manhattan), dans le style Bécassine, dont le héros, Yellow Kid, est un garnement qui a donné son nom au yellow journalism, c'est-à-dire à la presse à sensation de Randolph Hearst, entre autres.

 

Les strips sont nés de la compétition entre Randolph Hearst et Joseph Pulitzer, à la tête chacun d’un groupe de presse puissant. Ces strips étaient publiés dans un supplément dominical, pour vendre davantage. Spiegelman pastiche donc le strip des débuts de la BD américaine, les Katzenjammer Kids de Rudolph Dirks (« Hans et Fritz » en français), avec des personnages au fort accent allemand, mais aussi Happy Hooligan de Frederick Opper, dans le style Chaplin, ou encore The upside-Downs of Little Lady Lovekins and Old Man Muffaroo, de Gustave Verbeck, d’ingénieux dessins lisibles deux fois, à l’endroit et à l’envers, du coup l’histoire qui compte six cases en compte en réalité douze, puisqu’en pivotant la page l’histoire continue avec les mêmes dessins vus autrement et avec une légende différente.

 

Spiegelman pastiche aussi Winsor McKay et son superbe Little Nemo in Slumberland (voir Panorama du roman graphique # 02), un monde de rêves ; George McManus et son célèbre Bringing Up Father (« La Famille Illico » en français), dont le père, le protagoniste, ressemble beaucoup aux personnages de W. C. Fields, quelqu’un de simple devenu riche et marié à une femme qui a des prétentions sociales et dont la fille, éduquée dans les meilleures écoles, fait la leçon à son père, toujours débraillé, d’où le titre ; Krazy Kat de George Herriman, qui a dû fortement inspirer Spiegelman pour Maus, son chef-d’œuvre...

 

Ce très beau livre est aussi une réflexion sur les événements, notamment sur le fait que les Juifs paient toujours pour les autres, ici, à cause des attentats islamistes, certains Américains blâmant Israël et les Juifs qui ont causé cette catastrophe. Spiegelman y exprime aussi sa haine de tout nationalisme quel qu’il soit, et notamment le nationalisme américain manipulé par les médias et les Républicains, qui fait qu’on devient très vite traître à la patrie si on ne hurle pas avec les loups.

 

Une vraie réussite.

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Panorama du roman graphique* # 07 : Art Spiegelman, À l’ombre des tours mortes (Paris : Casterman, 2004)

 

(la suite au prochain épisode)

 

*On devrait dire « narration graphique »: sous l’étiquette commerciale de « roman graphique » (de l’américain « graphic novel ») sont réunies des bandes dessinées pour adultes où l’on trouve fictions, biographies, récits de voyage ou reportages.

 

©Sergio Belluz, 2015.


22/05/2015
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Panorama du roman graphique # 06 : Art Spiegelman, 'Maus' (1980)

Maus (1970) est le chef-d’œuvre d’Art Spiegelman, une parabole de l’Holocauste, où les Juifs sont des souris, une vermine dans un monde de chats…

 

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Panorama du roman graphique* # 06 : Art Spiegelman, Maus (Paris: Flammarion, 1996)

 

(la suite au prochain épisode)

 

*On devrait dire « narration graphique »: sous l’étiquette commerciale de « roman graphique » (de l’américain « graphic novel ») sont réunies des bandes dessinées pour adultes où l’on trouve fictions, biographies, récits de voyage ou reportages.

 

©Sergio Belluz, 2015.


21/05/2015
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