* cinéma japonais *
'Ghost in the Shell' (attention, spoiler!)
J’aime beaucoup l’univers futuriste et apocalyptique du superbe Ghost in the Shell de Mamoru Oshii, ces questionnements sur l’informatique (à partir de quand un organisme est-il considéré comme vivant?), ces dessins raffinés, ces personnages auxquels on s’attache et qui, curieusement, côtoient des personnages japonais populaires et truculents, notamment cet éboueur et son collègue, ou les scènes qui se passent au grand marché couvert de Hong Kong, je crois, revu et corrigé par des dessinateurs japonais.
L’idée centrale, c’est qu’un hacker, le Marionnettiste, essaie de pirater les ordinateurs du gouvernement, mais on ne sait pas qui il est. On comprend peu à peu qu’il a été créé comme programme informatique par un autre ministère, celui des Affaires étrangères, pour des raisons obscures et politiques (peut-être un complot mondial, ou en tout cas à des fins d’espionnage), mais que ce programme, à un certain moment, s’est développé tout seul et a acquis une autonomie de pensée qui lui permet de passer d’une machine à l’autre via le piratage.
Mais il lui manque la faculté de se reproduire. Pas de se copier, précise-t-il/elle, mais de se perpétuer avec des variations à chaque fois, comme les humains. L’officier de police femme (elle est « major ») dont la mission est de retrouver ce Marionnettiste coûte que coûte réussit à le trouver et, malgré les attaques du service à l’origine de ce programme pirate secret qui tente de le détruire complètement pour effacer leur trace, la Major, elle-même en partie androïde, mais aussi humaine, accepte de fusionner avec ce programme devenu individu, le tout sur fond de vieil entrepôt qui pourrait avoir été un musée d’anthropologie (avec fossiles des différentes espèces, et un arbre généalogique humain sur la paroi...).
Bateau, le collègue fidèle (et en partie androïde lui aussi) de la Major, recueille ce qui reste de cette androïde, qu’il replace dans le corps d’une gamine, et le film se termine sur le réveil de cette « gamine », à la fois programme informatique et être humain capable de se reproduire, d’où le titre du film, Ghost in the Shell, « esprit dans la coquille ».
Esthétiquement très léché, avec une musique envoûtante, un choeur rythmé, entre ethno et techno. Un classique.
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2016).