sergiobelluz

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"Et puis quoi, qu'importe la culture ? Quand il a écrit Hamlet, Molière avait-il lu Rostand ? Non." - Pierre Desproges

Le Poète en tourments ou L’Orfeo Doloroso

Dans le cliché du poète médium, visionnaire et tourmenté, on pourrait citer Lord Byron, Leopardi, Heine, Nerval, Hugo ou Baudelaire, mais ce serait limiter le mythe au XIXe siècle et à un mouvement romantique qui n’a fait que reprendre et accentuer un mythe d’Orphée millénaire – un archétype, dirait Jung – qu’on retrouve jusque dans la figure littéraire du Poète, avec majuscule, intermé...

Le Professeur de Rougemont aux climato-sceptiques : « Jeux de nains, jeux de vilains »

« …Mesdames et Messieurs, chères confrères et sœurs, je voudrais d’abord remercier chaleureusement les organisateurs du Congrès Lausannois International sur le Changement Climatique (CLIC), de m’avoir invité en ces temps très graves de mutations accélérées dans la météo du pays, voire du monde.   Je me présente : je suis le Professeur Wilfrid-Adalbert-Stanislas-Frédé...

De quelques (très bons) nanars français

Je viens de revoir quelques films de Gérard Pirès, réalisateur un peu oublié aujourd’hui et c’est injuste, car ce n’est pas mal du tout, même si chez lui se sent un peu trop l’influence « publicitaire » dans sa manière de filmer, ce qui rend certains passages très factices, dans le montage en particulier.     Erotissimo (1968), avec Jean Yanne et Annie Girardot, fonctionne encore trè...

30 Rock ou Tina Fey, serial écrivaine

Quand on parle d’écriture, on oublie qu’elle ne concerne pas seulement le roman, qui truste les prix littéraires et les médias pour des raisons commerciales mais qui n’est qu’une variante de l’écriture parmi d’autres où les chefs-d’oeuvre, petits et grands, abondent tout autant : ce qui compte, c’est le talent, quel que soit le support.   Par exemple, la publicité et ses impératifs commerciaux demandent aussi une grande virtuosité...

Dans la revue 'Le Passe-Muraille' de Jean-Louis Kuffer

LA REVUE 'LE PASSE-MURAILLE' DE JEAN-LOUIS KUFFER Revue des idées, des livres et des expresssions     https://www.revuelepassemuraille.ch   ***   Edmund White, mémorialiste gay (11 mai 2022)   Brillant, sophistiqué, précis, tendre et drôle, Edmund White est un must pour ceux qui veulent connaitre la petite histoire, la culture et la sociologie du mouvement queer depuis les années 1960 à New York et ses rapports avec l’...

Quartett de Luca Francesconi ou Les Liaisons dangereuses

Fascinant de penser que Les Liaisons dangereuses de Choderlos de Laclos, un texte du XVIIIe siècle, soit toujours aussi contemporain, il n’y a qu’à voir le nombre d’adaptations cinématographiques.   Ça n’a pas vieilli, et ça fascine encore par ses perversités au pluriel, la première étant celle de ses deux protagonistes qui prennent plaisir à avilir les êtres purs, la seconde par le texte lui-mê...

Jean Genet et la censure

J’ai écouté avec beaucoup d’intérêt le troisième volet d’une série radiophonique sur Jean Genet.   Il s’agissait, cette fois-ci, d’une nouvelle biographie de Genet par un historien qui, en travaillant sur Genet enfant, abandonné à l’assistance publique, a eu accès au dossier du futur écrivain.   Il a constaté que Genet a bien été sans famille : il n’...

Stefan Zweig et l’insomniaque

Ma nuit de sommeil, commencée vers 22.00, a été interrompue vers 3 heures du matin, impossible de me rendormir avant 4 heures.   J’en ai profité pour terminer La Confusion des sentiments de Stefan Zweig, sur ce jeune homme qui, sans le savoir, s’enamourache de son professeur spécialiste de Shakespeare – ce n’est pas anodin, il y a un lien avec le côté brut, sauvage, profondément humain du théâtre é...

Cosmos ascendant Chaos (Carl Sagan)

Passionnante, la série documentaire Cosmos du Canadien Carl Sagan – ça se prononce « Carl Seïgan » – qui prend notre réalité de haut et de l’extérieur, littéralement.   Il explique d’abord que le mot grec « cosmos » est l’opposé du mot « chaos », et signifie « vide organisé » ou quelque chose d’approchant.  ...

Anormal comme tout le monde (Queer as folk)

Une réussite, la série américaine Queer As Folk – « anormal comme tout le monde » – dont le titre se réfère à un dicton anglais généreux et tolérant qui souligne le fait que tout le monde est anormal à un degré ou un autre, sous-entendu : Que celui qui n’a jamais péché me jette la première pierre.   Le titre de la série joue sur le double sens du terme anglais queer qui veut dire «...

Zeffirelli et Callas, hélas

Dans un double DVD présentant les œuvres de Franco Zeffirelli, metteur en scène terriblement surévalué, on trouve sa version de Jane Eyre (avec Charlotte Gainsbourg, entre autres) et surtout Callas Forever (2001) que j’ai regardé hier soir. C’est avec Fanny Ardant en Callas et Jeremy Irons dans le rôle d’un producteur de cinéma.     On le sait, Zeffirelli a été un proche de Callas, via Luchino Visconti, dont il é...

Quelques mots d’humour (Tristan Bernard, Les Frères Ennemis et Michel Berger)

Moi qui suis un amoureux de l’écriture et du théâtre, et donc des mots, et donc des jeux de mots et donc des mots croisés, j’ai toujours aimé l’humour linguistique et très sophistiqué malgré les apparences du duo Les Frères Ennemis – Teddy Vrignault et André Gaillard à la ville – qui, dans un de leur sketch, par exemple, vont lancer des choses du style :   - C'est comme moi, mon pè...

Montserrat Caballé : hommage à la Superba

Émotion intense, hier, jusqu’à deux heures du matin, à écouter et voir Montserrat Caballé dans Montserrat Caballé más allá de la música (Montserrat Caballé au delà de la musique) un long documentaire sur sa vie : quelle voix et quelle technique prodigieuses !       Jamais rien de forcé, un son rond, même quand il est filé, ampleur et légèreté...

À propos du 'Journal Vagabond'

Au bas des textes que je publie plus ou moins régulièrement dans ce blog, vous trouverez souvent la mention de ce que j'ai intitulé mon 'journal vagabond', avec une première date qui correspond à la date de publication dans mon blog personnel, et une deuxième date, en italique, qui correspond à l'année où j'ai consigné ces mots dans les multiples cahiers quadrillés (bleus souvent, noirs ou rouges, quelquefois) qui constituent mon journal.  ...

Billie Holiday, le souffle court et l’âme avec

Blow, ill wind, blow away, let me rest today. You’re blowing me no good, no good, « Souffle, vent mauvais, souffle ailleurs, laisse-moi tranquille aujourd’hui. Tu ne me souffles rien de bon, rien de bon », me chante Billie Holiday.   La précision de la prononciation, sa manière lente de détacher chaque syllabe, chaque mot, chaque phrase qui, alors, se posent librement sur le tapis luxueux d’un piano et d'une guitare é...

Les livres cultes ne sont plus ce qu’ils étaient

Cherchant quoi lire avant de m’endormir, je tombe sur une édition de poche de The Catcher in the Rye de Salinger, en version originale (L’Attrape-cœurs en français), que j’avais lu il y a très longtemps et qui, apparemment, ne m’avait pas autant frappé que les millions de lecteurs (et de lectrices ?) qui en ont fait un best-seller mondial dans la catégorie « Roman jeunesse », un livre culte pour plusieurs gé...

"Les Fables de la Fredaine": La critique de Pascal Ferret (Le Passe-Muraille, 28 mars 2021)

À propos des Fables de la Fredaine de Sergio Belluz, illustrées par Chantal Quéhen. Humour et fantaisie érotico-animalière à foison… par Pascal Ferret Magazine en ligne  LE PASSE-MURAILLE (28 mars 2021)   S’il n’est pas aussi ancien que l’originelle fredaine dite de la bête à deux dos, le genre de la fable remonte du moins à la plus haute Antiquité. Longtemps transmise par voie orale, à...

"Balzac, c’est bien, mais les descriptions sont trop longues" : la critique de Jean-Louis Kuffer (magazine Bon Pour La Tête)

La chronique de jlk La comédie humaine selon Balzac revit dans tous nos feuilletons   Magazine en ligne BON POUR LA TÊTE (20 MARS 2021)   Après avoir lu tout Balzac, en dilettante éclairé plus qu’en spécialiste imbu de scientificité, Sergio Belluz nous invite tout jovialement à (re)parcourir les avenues et les ruelles, les antichambres publiques et les chambres privées de l’immense cité observée et rê...

Casanova en Suisse : demain, j’arrête les filles. Ou pas.

On ne le répétera jamais assez : par la grâce d’un style qui doit son charme à une personnalité, une éducation, une intelligence, une fantaisie, un goût, une sensualité et une gourmandise tout italiennes, et par ses étonnantes capacités d’adaptation et d’observations, le Vénitien Casanova est un des plus grands écrivains d’expression française.   Dans sa célèbre ...

Rifkin’s Festival et festival Woody Allen en prime

J’ai eu le plaisir de voir, hier soir, masqué et dans une salle clairsemée pour cause de mesures sanitaires, le drôlissime Rifkin’s Festival (2020), le tout dernier opus de Woody Allen qui, à ses 85 ans, en est à son 55e film et prouve qu’il a gardé sa verve et son ingéniosité proverbiales.   Car quoi de plus drôle et de plus cohérent à la fois que l’histoire du personnage principal – joué...

À la Radio Télévision Suisse, Alice s'émerveille quand Manuella Maury m'a fait le coup du lapin...

On se plaint, et avec raison, de la disparition des programmes littéraires à la Radio Télévision Suisse.   Raison de plus pour signaler la naissance, à la radio suisse, sur La Première, d'une toute nouvelle émission radiophonique intitulée Alice s’émerveille, où, plus que l'invité et sa promotion du jour, ce sont ses lectures et ses intérêts qui sont mis en exergue.   C'est joyeusement pré...

Dürrenmatt sans feuilles mortes ou le retour aux voluptés textuelles

Que Friedrich Dürrenmatt soit, avec Max Frisch, un des très grands écrivains suisses et un magnifique dramaturge se vérifie à chaque fois qu’une de ses œuvres fait l’objet d’une republication ou d’une nouvelle mise en scène.   Il y a quelques années, à Barcelone et en catalan, j’avais eu le plaisir de découvrir son étonnant Frank V, opéra d'une banque privée (Frank der Fü...

Balzac, c’est bien, mais les descriptions sont trop longues (refrain connu)

Balzac est à la fois la quintessence du roman et une école d’écriture : il a innové en tout, a fondu dans le roman toutes les techniques d’écriture utilisées jusqu’alors – roman épistolaire, roman d’aventure, roman fantastique, roman d’amour, conte, nouvelle, « physiologie » – et a introduit, dans ses descriptions, tout un vocabulaire technique jusqu’alors absent, qu’il a utilisé...

Doña Francisquita (ou presque)

Un peu frustrante, la production de cette Doña Francisquita d’Amadeo Vives Roig (1871-1932) dirigée par le chef  Roberto Forés Veses à l’Opéra de Lausanne, en co-production avec le Teatro de la Zarzuela de Madrid et le Gran Teatre del Liceu de Barcelone.     Comme toute zarzuela, l’œuvre est faite de parties chorales et chorégraphiques, d’airs solistes et de dialogues parlés à la maniè...

À Noël, consommez mieux et, en passant, faites vous plaisir en offrant CH LA SUISSE EN KIT (SUISSIDEZ-VOUS!)

Noël, c'est dans quelques jours et vous êtes déjà écoeuré(e)(s) par la consommation effrénée et la mièvrerie ambiante qui ne servent qu'à engraisser des enseignes qui préparent déjà la Saint-Valentin, voire La Fête des Pères? Vos enfants meulent pour avoir la dernière version d'un jeu vidéo obscur auquel d'ailleurs vous n'entravez que dalle? Votre petit ami vous bassine pour inviter un de ses copains de foot qui vient de divorcer et sera donc privé...

CH - La Suisse en kit (Suissidez-vous!): à Forum de la RTS, j'ai tout avoué à Philippe Revaz

C'est Noël, il paraît.   Pour les désespérés qui n'auraient pas encore trouvé le cadeau pour tante Gertrude ou l'oncle Ugène, je vous recommande mon farfelu mais documenté CH - La Suisse en kit (Suissidez-vous!) aux Éditions Xenia, et encore disponible dans toutes les bonnes librairies.   Dans les mauvaises aussi, d'ailleurs.   On m'a dit beaucoup de bien de ce livre (merci maman).   Et en plus, j'ai tout avoué...

Totò et Peppino contre le Nord (Bienvenu chez les Ch'tis peut aller se rhabiller)

C’est Mastrocinque – un metteur en scène italien bien trop sous-estimé – qui, dans Totò, Peppino e la malafemmina, dirige les deux vedettes comiques, Totò et Peppino De Filippo dans ce chef-d’oeuvre de 1956 qui, bien qu’en noir et blanc, et d’une époque passée, arrive encore à faire rire aux éclats un public de tous âge soixante-deux ans plus tard.     L’argument : deux frè...

Serge Gainsbourg, poète astucieux

Je suis sûr que ça échappe à tout le monde : on prend La Javanaise pour une simple chanson tendre, on n’en comprend pas bien le titre, on se contente d’aimer sans bien savoir pourquoi son voussoiement désuet et sa douce nostalgie.     Pourtant, La Javanaise est un exemple parfait de la virtuosité facétieuse de Gainsbourg.   L'idée lui en est venue à cause de ce qu'on appelle le javanais, une langue inventé...

L’Amérique, son capitalisme, sa culture et Lucille Ball

On lit et on entend souvent aujourd’hui, dans les portraits et les interviews d’actrices comiques ou de comédiennes de stand-up, que, pour faire rire, elles auraient dû braver de terribles préjugés masculins, de contraignant stéréotypes esthétiques féminins qui auraient jusqu’ici empêché les comédiennes de faire rire sous peine de déplaire, de s’enlaidir, de paraître vulgaire ou trop masculine.  ...

Rossini/Satie - Musique, Amour et Fantaisie: présentation du spectacle

Et si Gioachino Rossini et Erik Satie descendaient de leur nuage pour parler musique ?   Les titres de certaines de leurs oeuvres pourraient être interchangeables : à l’un on doit Ouf ! les petits pois, Mon prélude hygiénique du matin, Hachis romantique, Étude asthmatique ou Des tritons, s’il vous plaît, à l’autre on doit des Chapitres tournés en tous sens, une Chorale hypocrite, des Peccadilles importunes, des Descriptions automatiques ou des Croquis et Agaceries d’...