Berne-Melbourne aller-retour (5) : l’appareil à sous (pires).
Monsieur le Consul, en bon Suisse bâlois du centre historique de Bâle, se méfiait aussi de mon origine italienne qui me faisait me sentir en famille avec les employés de la ‘Camera Italiana di Commercio’ toute proche, dont j’enviais les horaires plus méditerranéens que les horaires suisses appliqués au Consulat général, exotiques et décalés dans ce contexte australien.
Il trouvait incompréhensible que je préfère mon petit et modeste appartement sur Punt Road, tout près du Consulat, où j’allais à pied en traversant le très beau Albert Park, plutôt qu’un appartement meublé plus cher et plus chic dans un coin éloigné de la ville, sans comprendre que mon petit appartement me ressemblait, et qu’il se trouvait à côté de la South Yarra Road, une des rues branchées de Melbourne, où on trouvait toute sorte de restaurants, libanais, indiens, italiens, français, souvent BYO, « bring your own », cette curiosité australienne (et canadienne) qui permet d’aller acheter ailleurs le vin qu’on va boire avec son repas.
Me faisant une visite impromptue alors que je vidais mon appartement pour mon retour en Suisse, le Consul, qui traficotait avantageusement avec son statut de diplomate et achetait chaque année une voiture chère et hors taxe qu’il revendait l’année suivante sur le marché libre avec un gros bénéfice, avait trouvé une pièce de 10 cents australiens que j’avais oubliée sur un meuble. Choqué par ma négligence, il m’avait dit, le doigt levé : « C’est le début de la fortune ».
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2013).
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