sergiobelluz

Magnifique roman graphique sur l’émigration, mais aussi stylisé pour rejoindre les archétypes du migrant : photos passeport vieillottes, départ avec adieux à la famille (l’épouse et la petite fille), photo de famille emballée et protégée, valise carrée, manteau et chapeau, voyage en bateau avec d’autres migrants, arrivée au port, passage de la douane, obtention du visa avec sceau du fonctionnaire, première prise de contact avec le nouveau pays (indications mystérieuses, bâtiments exotiques, publicités, fumées d’usine, circulation, rues qui s’entrelacent).

Tout est dessiné comme au crayon et dans le style photo ancienne en sépia. Il n’y a aucun dialogue, aucun texte, tout est dit par l’image. Les animaux domestiques du nouveau pays sont exotiques, les migrants se retrouvent entre eux, il y a une femme qui a fui une situation d’esclavage, un homme amputé qui a fui la guerre, d’autres qui ont fui l’oppression. Les textes des journaux ou des papiers officiels sont dans une langue inconnue (ça ressemble à du faux sanskrit). L’homme écrit à sa famille et leur envoie de l’argent pour qu’ils puissent le rejoindre. On les voit arriver enfin et commencer leur nouvelle vie.

Si la BD évoque les difficultés de la migration, elle reste fondamentalement optimiste : une nouvelle vie commence. Le titre original anglais est The Arrival. L’auteur est un asiatique émigré en Australie.

Sergio Belluz

Panorama du roman graphique* # 41: Sean Tan, Là où vont nos pères (Paris : Dargaud, 2007)

(la suite au prochain épisode)

*On devrait dire « narration graphique »: sous l’étiquette commerciale de « roman graphique » (de l’américain « graphic novel ») sont réunies des bandes dessinées pour adultes où l’on trouve fictions, biographies, récits de voyage ou reportages.

©Sergio Belluz, 2015.