sergiobelluz

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Shirley et Dino: un coup de chapeau (avec lapin).

Shirley et Dino, du music-hall à l'ancienne, au premier et au second degré, ce music-hall bon enfant que Charles Trenet a si bien chanté dans ‘Moi, j’aime le music-hall’.

 

Des tours de magie, des acrobaties, de la musique jouée sur des instruments improbables, des chansons ratées, des performances de toutes sortes (ombres chinoises, danse en habits d’animaux, glockenspiel, ventriloquisme...) le tout enrobé dans un pastiche de boniment théâtral faussement désuet du style « et maintenant, Mesdames et Messieurs, vous allez assister à un évènement extraordinaire, jamais présenté auparavant, une première mondiale rien que pour vous, etc... ».

 

Le tout est joué et présenté par de faux artistes ratés et attachants à la fois, qui se chamaillent comme garçon et fille (coup de pied, tirage de cheveux et j'en passe), c'est facétieux et pleins de fantaisie. Quelque chose entre  le ‘Salut l'Artiste’ d'Yves Robert (pour la dimension artiste cachetonneur, naïf, mais attachant), le ‘Ginger et Fred‘ de Fellini (pour le côté tendrement décalé et faussement désuet) et les ‘Contes du Chat Perché’ de Marcel Aymé (pour les bagarres enfantines et la mauvaise foi gentille de ces deux grands gosses).

 

Ce qu'on aime et ce qu’on y retrouve, dans les spectacles de Shirley et Dino, ce sont à la fois des souvenirs d’émerveillement enfantins (au cirque, au théâtre de marionnettes) et des souvenirs de chamailleries d'enfant, avec tout le reste - les jeux fantasques qui se muent en bataille rangée, l'imagination débridée sans le suivi... C'est du genre les batailles de petits pois aux repas, avec les coups de pied sous la table et les pincements, et les pouffements.


Ça m'a aussi rappelé deux humoristes/fantaisistes: il y en avait un qui passait aux émissions de Guy Lux, ou du jeune Michel Drucker, un magicien (anglais?) à la « tronche en biais », chauve, mais avec une très longue mèche, de celles que certains chauves utilisent pour s'entourer le crâne et se donner l'illusion d'avoir des cheveux, très solennel, en frac, qui ratait tout ce qu'il faisait avec l’air ahuri de celui qui se demande pourquoi le lapin qui devait normalement sortir du chapeau ne sort pas.

Et puis évidemment, l’autre référence, c’est le grand José Garcimore, ce fabuleux clown-magicien à l’accent espagnol à couper au couteau, qui ratait d’abord tout pour enfin réussir un tour qu’on n’avait pas prévu parce qu’on était resté sur la partie ratée, du très grand art. On a toujours à l’oreille la fois où, avec son fort accent, il disait à Denis Fabre, la présentatrice toujours hilare :

 

- Toussez ici.

 

(elle tousse)

 

- Non, toussez, toussez.

 

(elle retousse)

 

- Non, non, toussez avec les doigts (et Denise Fabre de piquer un énième fou rire).

 

©Sergio Belluz, 2017,  le journal vagabond (2016).

 

 

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21/01/2016
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