sergiobelluz

sergiobelluz

Notes grecques (07) : triangle et fer à cheval

Les vieux rails désaffectés de l’ancien Pirée témoignent encore de toute l’activité commerciale d’un passé glorieux...

 

Mais aujourd’hui, tout s’est déplacé plus loin, juste à côté, et les Chinois dirigent le port.

 

Je n’ai pas connu le vieux Pirée, celui de la première moitié du XXe siècle, mais j’en ai connu un des avatars, celui des années soixante-dix, quand je vivais un peu plus loin.

 

C’était la dictature, alors, et les grands portraits du dictateur Papadopoulos trônaient partout, ce qui m’avait fait naïvement demander : « Mais c’est qui ce monsieur ? ». On m’avait discrètement fait comprendre qu’il ne fallait pas trop demander, et je n’avais pas insisté.

 

J’étais de toute façon bien trop occupé à comprendre tout ce nouveau monde de saveurs, de senteurs, de bruits, de musique, de lieux et d’expériences, comme celle d’apprendre à reconnaître toutes les lettres majuscules, à la géométrie magique, de ce nouvel alphabet dont j’adorais à la fois le delta, un beau triangle, et l’oméga, un curieux  fer à cheval que j’avais déjà vu sur des publicités horlogères.

 

Il m’avait fallu peu de temps pour apprendre à reconnaitre toutes les lettres, ce qui, bien plus tard, m’avait été très utile pendant mon séjour à Moscou, où les correspondances avec le monde grec de mon enfance continuaient à se manifester, tant dans l’orthodoxie religieuse que dans l’alphabet – la chaleur et le soleil en moins, hélas.

 

Au Pirée, chaque matin, j’allais au marché acheter le pain délicieux, encore tout chaud, couvert de grains de sésame qui embaumaient l’air.

 

Quelquefois, nous allions aussi au port, pas celui d’aujourd’hui, bien organisé, mais l’ancien port, tout sale, tout brun, avec ses petits kiosques en bois qui vendaient de tout, cigarettes, boissons, journaux, nourriture.

 

Ils existent toujours, ces kiosques, comme partout à Athènes, ils sont l’aubaine de l’autochtone comme du visiteur pour le petit creux comme pour la grande soif.

 

©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2017).

 

2017 Pirée vieux entrepots 28.jpg

 

 

2017 Pirée vieux entrepots 32.jpg



16/10/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 110 autres membres