Pauvre Suisse.
La richesse et la pauvreté, ça va, ça vient, en Suisse comme ailleurs. Toute l'Europe est en voie de paupérisation, Suisse comprise. On sabre à l’avance dans les programmes sociaux, dans l'éducation, dans la santé.
Sans parler d’assurances maladies exorbitantes et de contrats temporaires aux pires conditions salariales et horaires, des chiffres récents et officiels parlent, dans leur sabir à euphémismes techniques, de 400 000 Suisses recensés comme vivant au dessous du minimum vital (un barème administratif et donc arbitraire de M. Prix, fixé à Frs 2200.- par mois...), et de 600 000 Suisses vivant à la limite du minimum vital.
Ça fait quand même un million de personnes, un 7e de la population qui tire le diable par la queue pendant que des politiciens indifférents et de toutes tendances et couleurs (rouge, rose, vert, noir) pérorent sur la défense des valeurs helvétiques, sur l'Etat-nation, sur l'Union européenne, sur l'utilité de ne pas mêler l'Etat à la liberté de commerce et sur les prétendues régulations automatiques du marché de l'offre et de la demande.
Au même moment, des étudiants de l'Université de Genève logent dans des sous-sols, dans des chambrées avec lits à étage (la chambre d'étudiant, quand on en trouve une dans ce merveilleux marché de l’offre et de la demande qui s’autorégule, se dealant à Frs 1200.- en moyenne).
Quant aux gérances immobilières autorégulées elles aussi selon la loi naturellement équilibrante de l’offre et de la demande, on exige de ceux qui s'y inscrive pour un quelconque appartement trop cher et tout ce qu'il y a de plus cage-à-lapin, de fournir – à part les habituels certificats de salaire et autres copies payantes d'extrait de l'Office des poursuites, de toute façon caduques après trois mois –, une lettre de motivation qui servira peut-être à avancer d'un rang sur la liste dont les premiers sont ceux inscrits, moyennant finance, au ‘Club Prestige’ de la gérance.
La vraie question c'est: qu'est-ce qu'une société? Un système juridique artificiel créé pour favoriser l'enrichissement de quelques-uns connus ou anonymes (grandes familles ou multinationales) au détriment de la majorité? Ou une communauté d'intérêts (historiques, culturels, économiques), permettant aux uns de s'enrichir tout en enrichissant les autres, favorisant ainsi une certaine équité à tous les niveaux?
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2014).
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 111 autres membres