Pesaro (09) : Anna l’Italienne et Anna la Polonaise ou Tenir son rang (de perles).
Vers minuit, Anna l’Italienne, Anna la Polonaise et moi-même sommes partis pour rejoindre le Théâtre Rossini afin d’y apposer la sacro-sainte liste d’inscription au ‘loggione’ (Anna l’Italienne s’est improvisée ‘capolista’, cheffe de liste) et s’y inscrire en bonne position pour la représentation d’Aureliano in Palmira, le Rossini du lendemain.
Mais au Teatro Rossini, à 23.45, une liste avait déjà été mise sur la porte. Anna la Polonaise s’y inscrit en cinquième position, non sans avoir argumenté avec deux types qui s’y sont aussi inscrits mais qui trouvent ce système idiot.
Anna la Polonaise leur répond alors au quart de tour, et en profite pour se venger de tout ce qu’elle déteste dans le je-m’en-foutisme italien, qu’elle supporte depuis plus de trente ans – et dont elle a déjà intégré la verve imagée, ponctuée de communication non verbale parfaitement maitrisée, les doigts de chaque main réunis, pointant vers le haut et faisant, à hauteur de ventre, un mouvement ascendant descendant accompagnés de répétitifs « Ma a me non mi va tutto questo discorso », aussi flamboyants et inefficaces (mais jubilatoires) qu’un débat préélectoral dans une réunion de parti, urbi et orbi.
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2014).
Illustration : « Cinematografo »©Annamaria Mazza, 2015.
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