Rossini, le Raymond Queneau de la musique
Avec sa dizaine de versions, la mélodie ‘Mi lagnerò tacendo’ de Rossini, inclus dans ces drôlissimes ‘Péchés de vieillesse’, est l’exemple-type de ce qui fait de Rossini un compositeur tout à fait particulier.
Il a bien dû s’amuser à démontrer combien le texte était accessoire, et que c’était surtout la musique qui donnait la couleur du sentiment, comme au cinéma, où la même phrase, anodine selon le contexte, peut devenir sinistre, ou ironique, ou primesautière selon l’illustration sonore.
Le texte assez banal de Metastasio est le suivant :
Mi lagnerò tacendo
Della mia sorte amara
Ma ch’io non t’ami, o cara,
Non lo sperar da me
Crudel, in che t’offesi (bis)
Farmi penar così, crudel!
Je me plaindrai en silence
De mon sort amer
Mais que je ne t’aime pas,
Ô chère
Ne l’attends pas de moi
Cruelle, en quoi t’offensé-je? (bis)
Me faire souffrir ainsi, cruelle!
Si on devait transcrire les variations de Rossini par le texte, si on devait marquer par écrit ce que fait Rossini en s’amusant à y mettre tous les tons possibles, ça donnerait, pour chacune des versions sur ce même textes, des Exercices de style à la Raymond Queneau :
- Plaintif et languissant
- Menaçant
- Tragique
- Primesautier
- Rêveur
- Souriant
- Interrogatif
Etc...
Une merveille d’humour facétieux et ironique, en particulier sur un texte qui n’arrête pas de répéter en boucle et de chanter à pleine voix : « Je me plaindrai en silence » !
Sergio Belluz
(baryton)
Oksana Ivashchenko
(piano)
Enregistrement public, Cercle littéraire de Genève (2017)
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2017).
A découvrir aussi
- 'Il Viaggio a Reims' de Rossini ou Fellini vocalisant.
- Avec 'Le Siège de Corinthe', Rossini prend de la bouteille!
- ‘Le Barbier de Séville’ de Rossini : Beaumarchais et Pier Luigi Pizzi en bonus
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 111 autres membres