À table!
Il y a une grande tablée près de moi, avec une petite fille absolument obsédée par son téléphone – et je me disais qu’aujourd’hui, tout petit déjà, ils vivent dans l’imaginaire qu’on leur fournit plutôt que dans celui qu’ils se créent eux-mêmes, et que c’est triste.
Mais les parents sont contents : les enfants sont occupés à regarder des tas de dessins animés et les laissent tranquilles.
En plus, la gamine mange en regardant son téléphone, et sa grand-mère doit la forcer à manger.
Je ne comprends pas les parents : il faudrait imposer des moments de trêve, de pause, quand on mange, on mange... mais je suppose que les parents, eux aussi, parce qu’ils n’ont pas forcément grand chose à se dire, mangent en regardant la télévision...
Ce non-respect de ce qu’on mange est d’ailleurs quelque chose que je trouve terrible : cette nourriture sous plastique, empilée en vrac dans les frigos, les paquets à moitié ouverts, les sauces entamées qui moisissent, les tonnes de produits qui, à chaque fois, finiront à la poubelle – c’est un aspect de notre société de consommation : la nourriture coûte moins cher grâce et à cause de la production et de la consommation de masse, et on traduit : ça ne vaut rien, et on oublie qu’il a fallu une vie et une mort pour qu’on puisse avoir ça sur sa table...
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2016).
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