LA SUISSE LITTÉRAIRE
À la Radio Télévision Suisse, Alice s'émerveille quand Manuella Maury m'a fait le coup du lapin...
On se plaint, et avec raison, de la disparition des programmes littéraires à la Radio Télévision Suisse.
Raison de plus pour signaler la naissance, à la radio suisse, sur La Première, d'une toute nouvelle émission radiophonique intitulée Alice s’émerveille, où, plus que l'invité et sa promotion du jour, ce sont ses lectures et ses intérêts qui sont mis en exergue.
C'est joyeusement présenté par la facétieuse Manuella Maury et c’est magnifiquement réalisé par Christian Morerod, dont la fantaisie sonore égale la fantaisie visuelle du Jean-Christophe Averty de l’âge d’or de la télévision française.
En bonus, on a droit, en lien avec l’invité, à d’extraordinaires documents tirés des richissimes archives de la radio suisse. On retrouve ensuite, sur la page internet d'Alice s’émerveille de la Radio Télévision Suisse, les livres cités, chaque lecture en appelant une autre.
Dans le présent épisode vous écouterez, entre autres, Ernest Ansermet parler de Charles Ferdinand Ramuz, Joachim du Bellay vanter les beautés de Rome, vous vous laisserez bercer par la douce mélancolie de La Grenouillère de Guillaume Apollinaire, mis en musique par Francis Poulenc, vous goûterez à de multiples versions de Que reste-t-il de nos amours ? du grand Charles Trenet, vous voyagerez dans les Venises au pluriel de Paul Morand, vous y entendrez s’exprimer Raymond Queneau à propos des manuscrits qu'il recevait, vous serez charmé par les Autres poèmes de Stéphane Blok, vous entendrez l'écrivain Yves Laplace dans une de ses premières interventions médiatiques, et apprendrez à connaître l’opinion sur le mariage et la vie de couple de ce pessimiste joyeux et très grand écrivain suisse que fut Henri Roorda, dont je recommande un texte génial qui devrait rassurer tout écrivain inquiet face à la postérité, et que vous trouverez ici.
Alice n’aime pas les livres qui n’ont pas d’images, mais elle adore les livres qui sont pleins d’images sonores.
Alice s’émerveille, La Première, RTS, dimanche 20 septembre 2020 :
©Sergio Belluz, 2020
Charles Ferdinand Ramuz parolier : 'Devant la guérite'
'DEVANT LA GUÉRITE' (1934)
Musique du compositeur suisse Jean Binet (1893-1960)
Texte de Charles Ferdinand Ramuz
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres du peintre suisse Ernest Biéler
Fille de l’air, rêverie,
compagnonne du soldat,
le jour est long sous la pluie ;
tu reviens, le jour s’en va.
Compagnonne, compagnonne,
Entends tousser les chevaux ;
la soupe n’était pas bonne,
le bouilli n’était pas chaud.
Ceux que j’aime, est-ce qu’ils m’aiment ?
Est-ce qu’ils pensent à moi ?
Ça ranimerait quand même.
ça serait bon par ce froid.
Une surtout, dans sa chambre,
allant prendre mon portait,
et, ayant été le prendre,
longtemps le regarderait...
Je sors le sien de ma poche,
te voilà, ma grande amour...
Mais gare si on approche,
j’en serai pour mes vingt jours.
Ramuz
Jean Binet
Charles Ferdinand Ramuz, parolier: 'Chanson de route'
'CHANSON DE ROUTE' (1934)
Musique du compositeur suisse Jean Binet (1893-1960)
Texte de Charles Ferdinand Ramuz
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres du peintre suisse Ferdinand Hodler
Qui qu'on mettra dans le bout?
C'est le fusilier Bavoux.
Qu'a qu'un oeil,
Qu'a qu'un pied,
Qu'a qu'un bras,
Qu'a qu'un doigt,
Célibataire et coupé!
Qui qu'on mettra dans le bout?
C'est le fusilier Bavoux!
Qui qu'on mettra au milieu?
C'est le fusilier Geneux.
Qui voit double,
Qui voit trouble,
Qui branloche,
Qu'a trop bu,
Et il sera soutenu!
Qui qu'on mettra au milieu?
C'est le fusilier Geneux!
Et qui au commencement?
C'est le fusilier Dentan.
Qu'est tout triste,
Qu'est trompé,
Qu'est cocu,
Qu'est battu,
Pour tâcher de le consoler.
Et qui au commencement?
C'est le fusilier Dentan!
Ramuz
Jean Binet
Charles Ferdinand Ramuz parolier: 'Complainte'
'COMPLAINTE' (1914)
Musique du compositeur et chef d'orchestre suisse Ernest Ansermet (1883-1969)
Texte de Charles Ferdinand Ramuz
Dédié à l'écrivain suisse Charles-Albert Cingria
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres du peintre suisse René Auberjonois
Ah! mes amours que c'est loin, mes amours!
Quand reboirai-je à la douce fontaine?
Le coeur me pleure et j'ai bien grande peine,
J'ai le coeur gros, le coeur tellement lourd.
Ah! mes amours que c'est loin, mes amours!
Il fait soleil sur les toits du village.
Quand reboirai-je à ton joli visage?
La grande soif me dure tout le jour.
Ah! mes amours que c'est loin, mes amours!
Tiens ce bouquet que j'ai fait de pervenches,
Tu le mettras sur ta poitrine blanche,
Tu le noueras de mes cheveux autours.
Ah! mes amours que c'est loin, mes amours!
Tu le tiendras sur ta poitrine rose,
Et là aussi est un bouton de rose,
Garde-le moi qu'on le cueille à son tour.
Ramuz
Ansermet
Charles Ferdinand Ramuz parolier: 'Les Filles du village'
'LES FILLES DU VILLAGE' (1916)
Musique du compositeur et chef d'orchestre suisse Ernest Ansermet (1883-1969)
Texte de Charles Ferdinand Ramuz
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres du peintre italien Giovanni Segantini
Les filles du village ne sont pas ce qu'on croit,
Pas ce qu'on croit;
Les vieilles sont volages,
Sont volages,
Les jeunes sont en bois,
Sont en bois.
Les filles du village ne sont pas ce qu'on croit,
Pas ce qu'on croit;
Lucie a pris de l'âge,
A pris de l'âge,
Marie a le décroît,
Le décroît.
Les filles du village ne sont pas ce qu'on croit,
Pas ce qu'on croit;
Le plus joli paysage,
Paysage,
N'est joli qu'une fois,
Qu'une fois.
Ramuz
Ansermet
Charles Ferdinand Ramuz parolier: 'Komilo - L'Oncle Armand'
'KOMILO - L'ONCLE ARMAND' (1914)
Musique du compositeur russe Igor Stravinsky (1882-1971)
Tiré de Pribaoutki - Chansons plaisantes
Adaptation française de Charles Ferdinand Ramuz
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres du peintre Chaïm Soutine
Console-toi,
Vieil oncle Armand;
Tu te fais bien trop de mauvais sang,
Laisse aller tout droit ta jument
À l'auberge du Cheval Blanc:
Là est un joli vin clair,
Qui fait soleil dans le verre;
Le joli vin rend le coeur content:
Noie ton chagrin dedans.
Ramuz et Stravinsky
Charles Ferdinand Ramuz parolier: 'Natachtka - Le Four'
'NATACHKA - LE FOUR' (1914)
Musique du compositeur russe Igor Stravinsky (1882-1971)
Tiré de Pribaoutki - Chansons plaisantes
Adaptation française de Charles Ferdinand Ramuz
Sergio Belluz (baryton) et Ioana Primus Andrei (piano)
Enregistrement public, Théâtre de l'Octogone, Pully, 1994
Illustrations: oeuvres de Chaïm Soutine
Louise, viens vite,
Viens vite ma fille;
La pâte est levée...
Cours à la cuisine,
Chercher la farine...
Les canards commencent à souffler
Dans leurs mirlitons crevés.
Voilà le coq qui leur répond
Et les poules qui tournent en rond.
Ramuz et Stravinsky