MES PROPRES SPECTACLES
Le Poète en tourments ou L’Orfeo Doloroso
Dans le cliché du poète médium, visionnaire et tourmenté, on pourrait citer Lord Byron, Leopardi, Heine, Nerval, Hugo ou Baudelaire, mais ce serait limiter le mythe au XIXe siècle et à un mouvement romantique qui n’a fait que reprendre et accentuer un mythe d’Orphée millénaire – un archétype, dirait Jung – qu’on retrouve jusque dans la figure littéraire du Poète, avec majuscule, intermédiaire privilégié entre le monde des vivants et l’autre monde tel que le conçoit Jean Cocteau dans sa poésie comme dans son théâtre ou ses films Orphée et Le Testament d’Orphée.
Eugène Delacroix, autoportrait présumé (1816)
C’est que le prince Orphée, fils du roi de Thrace et de la muse Calliope, charme êtres et dieux par sa lyre et son chant, ce qui lui permet de pénétrer d’autres dimensions y compris celles des Enfers où il va chercher sa bien-aimée :
J’ai perdu mon Eurydice, rien n’égale mon malheur
Sort cruel ! quelle rigueur !
Rien n’égale mon malheur
Il ne parviendra pas à la ramener, toutefois, mais, dans toute sa beauté, son cri de douleur – extrait ici de l’Orphée de Glück version française – fera accéder le Poète à la notoriété, qui est l’autre nom de l’immortalité.
ORPHÉE ET LE LIED ALLEMAND
C’est un avatar de ce même Orphée-médium qu’on retrouve dans la poésie et la musique allemande, une figure exacerbée encore par le Sturm und Drang au XVIIIe – Les Souffrances du jeune Werther (1774) de Goethe ont causé bien des suicides de lecteurs à l’époque – et le Romantisme tourmenté qui lui a succédé.
D’une certaine manière, la culture germanique – à travers textes et poèmes eux-mêmes mis en musique par Schubert (1797-1828), Schumann (1810-1856), Loewe (1796-1869), Mendelssohn (1809-1847), Liszt (1811-1886) ou Meyerbeer (1791-1864) – renouvelle le mythe d’Orphée dans toute sa singularité et sa multitude, un Orphée devenu Narrateur unique d’un monde dont il absorbe et exprime la beauté tout autant que la cruauté et qui en perçoit la dimension parallèle et magique.
En double version parlée et chantée, en français et en allemand et dans ses différents formats qui vont du simple Lied à la Ballade – une sorte de conte de fée chanté – en passant par le Mélodrame allemand, précurseur du film (la musique illustre une histoire qui ne se chante pas mais se raconte), Le Poète en tourment (Sturm und Drang und Liebe) présente le portrait et le trajet de ce Narrateur depuis ses premiers émois jusqu’au terme de son existence terrestre et au-delà.
À travers les mots de Heinrich Heine (1797-1856), de Nikolas Lenau (1802-1850), de Theodor Fontane (1819-1898), de Friedrich Hebbel (1813-1863), de Charles-Hubert Millevoye (1782-1816) et d’Adolf Pratobevera von Wiesborn (1806-1875) – et, pour la partie française, dans une toute nouvelle traduction effectuée par moi-même à partir des textes originaux allemands – on accompagne le Poète dans son rêve d’une paisible harmonie près d’un Gange idéal, dans sa promenade en forêt magique, dans sa rencontre avec la Reine des Elfes, dans l’heureux destin de la Belle Hedwige, dans le destin plus tragique du Chevalier et du Moine triste, dans les éternels tourments de l’amour, dans sa lucidité à propos de sa propre mort et dans son apaisement lorsqu’enfin meurent les passions.
Avec:
Sergio Belluz (baryton-narrateur)
Ioana Primus (piano)
Prochaine présentation :
Samedi 18 juin 2022 à 15.00 à Lettres Vivantes.
Réservations : 024 491 12 89 – https://www.lettresvivantes.ch
©Sergio Belluz, 2022, le journal vagabond (2022)
Rossini/Satie - Musique, Amour et Fantaisie: présentation du spectacle
Et si Gioachino Rossini et Erik Satie descendaient de leur nuage pour parler musique ?
Les titres de certaines de leurs oeuvres pourraient être interchangeables : à l’un on doit Ouf ! les petits pois, Mon prélude hygiénique du matin, Hachis romantique, Étude asthmatique ou Des tritons, s’il vous plaît, à l’autre on doit des Chapitres tournés en tous sens, une Chorale hypocrite, des Peccadilles importunes, des Descriptions automatiques ou des Croquis et Agaceries d’un gros bonhomme en bois...
Gioachino Rossini (1792-1868), fatigué, prend sa retraite à trente-sept ans après avoir révolutionné l’opéra avec sa quarantaine d’œuvres magistrales. À ces dix-sept ans d’une carrière fulgurante succèdent quarante ans plus tranquilles où, gourmand, il concocte, pour ses amis parisiens, de délicieuses recettes et de délicieuses pièces pour voix ou pour piano qu’il nomme ses Péchés de vieillesse, sans oublier la magnifique Petite Messe Solennelle (1864).
Erik Satie (1866-1925), de son côté, en réaction contre le conformisme musical de son époque, prend avec humour le contrepied de Claude Debussy et du tonitruant Richard Wagner, alors mis à toutes les sauces, pour devenir un minimaliste avant la lettre, s’amuser de tout et de rien et créer sa petite musique à lui, dénigrée pendant longtemps et qu’on ne se lasse pas d’écouter aujourd’hui.
Tous les deux se sont gentiment moqués de la grande musique et ont composé une multitude d’œuvres cocasses aux paroles facétieuses, des mélodies, bien sûr, mais aussi d’extraordinaires pièces pour piano qu’on ne joue jamais avec leurs drôles de textes parlés, pourtant expressément écrits pour elles par ces deux joyeux lurons...
Que justice leur soit donc rendue !
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Extrait du spectacle (Rossini)
Se plaindre en silence - ou pas!
Mi lagnerò tacendo (1830) - chapitre 1 et 2
(extraits de Mes Péchés de Vieillesse)
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Extrait du spectacle
Rossini cinéaste? Aussi!
Son Petit train de plaisir est plein de péripéties!
Attachez-vos ceintures, ça va secouer!
Un petit train de plaisir comique-imitatif (1860)
Musique et texte français de Gioachino Rossini
(extrait de Mes Péchés de Vieillesse)
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Extrait du spectacle (Satie)
Boulot, Omnibus, Dodo? Pas avec Satie!
L'Omnibus automobile (1905)
Musique d'Erik Satie, texte de Vincent Hyspa
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Extrait du spectacle (Satie)
Avec Satie, quand on part à la pêche, on revient toujours avec des perles!
Embryons desséchés (1913): d'holothurie
Musique et texte d'Eric Satie
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L'enregistrement sonore du spectacle complet, enregistré en 2017 lors d'une représentation publique à la salle du Cercle Littéraire de Genève, est disponible à l'adresse suivante (cliquer sur le lien)
©Sergio Belluz, 2019
'Toâ et Moâ' sur Radio Chablais: une psychanalyse
Le spectacle Toâ et Moâ dans la Transcendance, la Quintessence et la Concupiscence.
Habilement travaillé au corps à corps et confessé par le praticien et journaliste-animateur Guillaume Abbey (Radio Chablais) l'auteur et protagoniste du spectacle déballe tout et en dit long sur ses collègues, la divine mezzo valaisanne Brigitte Balleys et la pianiste suisso-brésilienne au tempérament de feu Marcia Dipold.
Pour juger sur pièce, rendez-vous samedi 7 septembre 2019 à 15.00 (pas 17.00 comme il est dit sur le site).
Et il vaut mieux réserver auprès de Lettres Vivantes (www.lettresvivantes.ch), l'organisatrice/teur, sur le site duquel vous trouverez tous les détails.
Vous pouvez aussi contacter la responsable Geneviève Bille au 024/491 12 89 ou par mail (geneviève.bille@bluewin.ch)
Faites passer!
L'interview de Guillaume Abbey à propos de Toâ et Moâ sur Radio Chablais (2 septembre 2019)
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Toâ et Moâ : le clip!
Photos: Olivier Levigne et Jean Lugrin
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L'Invitation au voyage en poésie
De la musique avant toute chose,
Et pour cela préfère l’Impair
Plus vague et plus soluble dans l’air,
Sans rien en lui qui pèse ou qui pose
De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu’on sent qui fuit d’une âme en allée
Vers d’autres cieux à d’autres amours.
Verlaine, Art poétique (Jadis et Naguère, 1884)
Victor Hugo trouvait inutile qu’on mette la poésie en musique, trouvant que les mots et leur propre musique se suffisaient à eux-mêmes. Heureusement, les plus grands compositeurs français ne l’ont pas écouté, et ont ajouté les mots de la musique à la musique des mots.
Prenant l’angle du poète, L’Invitation au voyage en poésie est un voyage double à travers les textes récités, chantés et enchantés de Victor Hugo, Théophile Gautier, Charles Baudelaire, Leconte de Lisle, Armand Silvestre, Paul Bourget, Ephraïm Mikhaël, Jean Lahors, Paul Verlaine, Guillaume Apollinaire, Robert Desnos, Jean Cocteau et Jean de La Fontaine.
Les mélodies sont de Gabriel Fauré, Ernest Chausson, Henri Duparc, Emmanuel Chabrier, Reynaldo Hahn, Francis Poulenc, Erik Satie et Paul Bonneau et vous révèleront d’autres nuances, d’autres musiques, d’autres secrets – d’autres beautés.
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Extrait: L'Ile heureuse (1889), poème d'Ephraïm Mikhaël mis en musique par Emmanuel Chabrier
Illustrations
Paul Gaughin à Tahiti et aux Marquises
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Extrait: La Grenouillère (1938), poème de Guillaume Apollinaire mis en musique par Francis Poulenc
Illustrations
Argenteuil (Claude Monet, 1875)
Monet en train de peindre (John Singer Sargent, 1885)
Canotier (Gustave Caillebotte, 1878)
Le Déjeuner sur l’herbe avec Courbet (Claude Monet, 1866)
Two Girls on the Lawn (John Singer Sargent, 1889)
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Extrait: Danseuse (1920), poème de Jean Cocteau mis en musique par Erik Satie
Illustrations:
Entracte (Alice Bailly, 1936)
Danseuses à la barre (Edgar Degas, 1876)
La Salle de ballet de l’Opéra rue Pelletier (Edgar Degas, 1872)
La Classe de ballet (Edgar Degas, 1875)
L’Étoile (Edgar Degas, 1876)
Répétitions (Edgar Degas, 1877)
Répétitions avec orchestre (Edgar Degas, 1876)
Ballerine posant pour le photographe (Edgar Degas, 1875)
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©Sergio Belluz, 2020
'Toâ et Moâ' avec Brigitte Balleys, Sergio Belluz et Marcia Dipold met l’amour en musique (Jean Lugrin, Journal Le Cotterg)
Tôa et Môa à Lettres Vivantes
Solange, ma femme, me demanda si je l’accompagnais samedi 7 septembre chez Geneviève Bille aux Lettres Vivantes de La Comballaz.
Qu’est-ce qui est au programme ? Lui demandai-je, en espérant que je ne serais pas intéressé. Ces temps, je suis un peu fatigué des événements sociaux, je me contente de dessiner en écoutant de la musique.
Brigitte Balleys, mezzo-soprano, venue il y a quelques années au Festival Musique et Neige, je ne pouvais rater de la revoir et de l’écouter. D’autant plus qu’elle était au côté d’un complice, Sergio Belluz, baryton-basse, qui nous avait déjà bien amusé lors d’une autre rencontre chez Geneviève. Cette fois-ci, les deux chanteurs sont accompagnés par Marcia Dipold, pianiste brésilienne. Les trois protagonistes vont nous emmener dans le spectacle de l’amour. J’aime le lied, mais ayant une petite idée sur les facéties du baryton, j’ai vite compris que les Dichterliebe (Les Amours du poète) de Robert Schumann ne seraient pas au programme.
Tôa et Môa est le titre de cette série de chants évoquant les diverses phases de l’amour que rencontrent presque tous des amoureux. Des musiques d’Henri Christiné et d’Arthur Honegger, Jacques Offenbach, Léo Delibes, André Messager, Manuel Rosenthal ou Georges Van Parys, pour ne citer que les plus connus. Des paroles des duettistes favoris de Jacques Offenbach : Henri Meilhac et Ludovic Halévy, et d’autres dont je n’avais jamais entendu le nom, à part, peut-être celui de Sacha Guitry.
Depuis le fond de la pièce, je regarde Solange placée quelques sièges plus avant. Elle sourit et rit continuellement, elle n’est pas la seule. La vingtaine de spectateurs est dans le même cas. Le spectacle est drôle, vivant, proche de nous et de nos trajectoires personnelles. Les mimiques du couple soulignent avantageusement le côté léger de cette rencontre.
Une fois de plus, Geneviève a tapé dans le mille, les participants ne s’y sont pas trompés !
Jean Lugrin.
Le 9 septembre 2019
'Toâ et Moâ': Le Retour (et toujours plus haut: à plus de 1000 mètres)
ILS S'AIMENT. ILS CAUSENT. ET EN PLUS ILS CHANTENT.
Toâ et Moâ: enfin une thérapie de couple, euh pardon, un spectacle qui, de vives voix (oui, au pluriel), lève un coin de rideau de scène sur les coulisses de la relation amoureuse.
Profitez-en pour venir régler votre compte avec votre/vos partenaire(s) respectifs, respectables ou pas.
[LE CHOEUR D'ADMIRATRICES-TEURS]
Ooooh, mais quand ça?
[LES ARTISTES, ENTRE DEUX BAGARRES]
Samedi 7 septembre 2019, de 15.00 à 17.00
[LE CHOEUR D'ADMIRATRICES-TEURS]
Ooooh, mais où ça?
[LES ARTISTES, ENTRE DEUX CRÊPAGES DE CHIGNONS]
Dans le cadre de 'Lettres Vivantes' au Chalet La Pommettaz
ch. de Mirmont 1, La Comballaz (VD) au-dessus d'Aigle
[LE CHOEUR D'ADMIRATRICES-TEURS]
Ooooh, mais on fait comment pour participer?
[LES ARTISTES, ENTRE DEUX RÉCONCILIATIONS SUR L'OREILLER]
On réserve auprès de l'aimable organisatrice Geneviève Bille
au 024/491 12 89 ou à l'adresse mail genevieve.bille@bluewin.ch
[LE CHOEUR D'ADMIRATRICES-TEURS]
Ooooh, mais c'est génial!
[CHAQUE ARTISTE ENTRE DEUX APPELS À SA/SON AMANT(E)S RESPECTI(VES)(FS)]
Ouais, ben je ferais pas ça tous les jours.
Toâ et Moâ: présentation du spectacle
QUI A DIT QUE LES SUISSES ÉTAIENT TROP SÉRIEUX ET MANQUAIENT D'HUMOUR?
Saviez-vous que des chansons aussi célèbres que « Dans la vie faut pas s’en faire », « Valentine », « Ma Petite Tonkinoise », « Je sais que vous êtes jolie », qui ont fait le succès de Maurice Chevalier, de Josephine Baker ou de Jean Sablon, ont été composées par le plus suisse des Parisiens, Henri Christiné, né à Genève, compositeur d’œuvres lyriques qui connurent une gloire extraordinaire ? À Paris, son opérette PhiPhi (1918) tint l’affiche pendant plus de trois ans.
Et saviez-vous que le compositeur suisse Arthur Honegger, plus connu aujourd’hui pour ses opéras et ses oratorios – Le Roi David (1925) et Judith (1925), les deux sur un livret de René Morax, Antigone (1927) sur un livret de Jean Cocteau, Jeanne au bûcher (1938), sur un livret de Paul Claudel – était aussi le compositeur du très sexy Les Aventures du Roi Pausole (1930) ?
L’humour, l’esprit, le second degré, la dérision, les jeux de mots, les doubles sens, sont des constantes de la culture francophone, qu’on retrouve tout autant chez Oin-Oin, héros suisse d’innombrables histoires drôles, que chez des compositeurs comme Rameau, Bizet, Poulenc, Satie ou chez des chanteurs dits populaires comme Yvette Guilbert, Boby Lapointe, Henri Salvador, Serge Gainsbourg ou encore, plus près de nous, Brigitte Fontaine et Philippe Katerine.
Façon stand-up, prenant le public à témoin et se plaçant en droite ligne dans cette tradition,
TOÂ ET MOÂ
puise dans plus de 100 ans de répertoire musical francophone pour mettre en scène les amours d’un couple d’égocentriques qui causent, qui chantent, et qui, entre deux bagarres et deux réconciliations, en profitent pour évoquer les hauts et les bas de la vie de couple.
La musique est, bien sûr, d’Henri Christiné et d’Arthur Honegger, mais aussi d’Adolphe Adam, Jacques Offenbach, Charles Lecocq, Léo Delibes, Edmond Audran, Reynaldo Hahn, André Messager, Maurice Yvain, Manuel Rosenthal ou Georges Van Parys.
Les paroles, on les doit, entre autres, à la plume facétieuse d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy (les duettistes favoris d’Offenbach), Albert Vanloo (un dramaturge belge, ce n’est pas une blague), Francis de Croisset et Robert de Flers (des rois du théâtre de boulevard, les Barillet et Grédy de 1920), Marcel Bertal et Louis Maubon (auteurs des paroles du célébrissime Je cherche après Titine, repris par Chaplin dans Les Temps modernes), Yves Mirande (fameux revuiste et réalisateur des années 30), René Dorin (le père de la dramaturge Françoise Dorin), André Hornez (Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? c’est lui), Albert Willemetz (auteur de l’hilarant Félicie aussi de Fernandel) et, excusez du peu, M. Moâ Soâ-même : Sacha Guitry.
©Sergio Belluz, 2019
Photo: Olivier Levigne, avril 2019