sergiobelluz

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De la contrainte en art

Je suis allé à la Caixa Fòrum, où l’exposition Velázquez y el Siglo de Oro venait de commencer.

 

Elle était « autour » de Velázquez plutôt que « sur » Velázquez, mais les tableaux sont absolument magnifiques – splendides est le mot qui vient à l’esprit, à cause de leur splendeur – on passe de Zurbarán à Ribera et du Greco à Breughel en passant par Tiepolo et les peintres italiens de l’époque.

 

On nous explique le côté à la fois « décoratif » et « politique » de la peinture en ce temps-là, Le Siècle d’Or, l’apogée de la culture et de la richesse espagnoles: les portraits des grands sont aussi des allégories du pouvoir censés exprimer, par toute une symbolique, toute la puissance, mais aussi tous les devoirs des grands.

 

De Velázquez, on peut voir certains de ses célèbres nains qui rappellent, par leur difformité magnifiée, que la peinture a aussi ce pouvoir de faire voir la beauté dans les sujets considérés a priori comme laids – les portraits quelquefois torturés d’Egon Schiele, Francis Bacon ou Lucian Freud en sont l’exemple contemporain.

 

Avec Velázquez et les peintres de cour, on constate que la peinture de commande et la peinture commerciale peuvent être aussi significatives, aussi puissantes, aussi justifiées que celle de l’artiste qui cherche en lui un monde à exprimer.

 

C’est que tout art est d’abord une discipline personnelle qui est la première et la plus essentielle des contraintes : travailler, améliorer, aller plus loin, gagner en maîtrise, creuser sans cesse...

 

L’art et les artistes ne peuvent être définis aussi facilement qu’on l’aimerait : certains artistes institutionnels sont impressionnants de profondeur, et certains artistes « libres » sont assez médiocres.

 

On a un préjugé négatif au sujet des artistes « de cour », mais ce qui compte c’est d’avoir les conditions nécessaires (matérielles ou psychologiques) pour développer son art de la manière la plus profonde possible.

 

Pour quelques-uns, l’adversité, les limites matérielles, sont des stimulants, d’autres ont besoin d’un certain bien-être, il n’y a pas de règle.

 

C’est sûr que si l’on a besoin de bien-être et qu’on est miséreux, ça peut bloquer toute créativité. Mais ça peut aussi être ce qui permet de développer toute sa force : par la rage de vaincre, de prendre sa revanche, ou simplement pour accomplir son destin, on devient ce qu’on est avant de mourir.

 

Ce qui compte toujours, c’est ce qui est exprimé et la profondeur et l’intensité de cette expression.

 

Il n’y a pas de règle.

 

©Sergio Belluz, 2019, le journal vagabond (2018)

 

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Velázquez, autoportrait (1644)

 

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Velázquez: Las Meninas (1656)

 

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Velázquez: Nain assis (1645)

 

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Velázquez: Dame à l'éventail (1635)

 

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Velázquez: Menipo (1939)

 

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Velázquez: La Couturière (1640)

 

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Velázquez: El bufón Calabacillas (1639)

 

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Velázquez: Arachne (1644)

 

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Velázquez: Juan de Pareja, esclave (1650)

 

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Velázquez: l'Infante Marguerite en bleu (1659)



21/04/2019
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