Notes grecques (02): La culture supporte très bien l’armateurisme
Assez facile d’aller à la toute nouvelle Fondation Stavros Niarchos: il faut partir de la place Syntagma où, devant le MacDonald’s, passe une navette « toutes les demi-heures », m’assure la jeune femme chargée d’assister les touristes dans leurs errances, et où j’ai dû l’attendre plus d’une heure.
Le minibus avec air conditionné parcourt la grande avenue Syngrou, qui mène au Pirée, presque une rocade, tant le trafic y est dense, et les commerces glauques plus on s’y avance (sex-shops, cabarets, multinationales indéterminées, ‘outlets’...).
Puis soudain, au milieu de cette activité, on arrive à un stade de football en forme de grosse baignoire design, d’un côté, et, de l’autre, aux lignes élégantes, droites et aérées de la Fondation Niarchos, qui comprend à la fois la Bibliothèque Nationale Grecque et une des salles de l’Opéra National.
On reconnait immédiatement la grammaire de l’architecte Renzo Piano, qu’on connait par Beaubourg à Paris ou par la Fondation Beyeler à Bâle : un grand toit plat et fin couvrant d’un large chapeau un ensemble quadrillé finement et largement vitré pour une luminosité maximale, le tout agrémenté d’un environnement tout aussi géométrique intégrant quelques éléments naturels, et notamment des bassins, ici, le bassin ressemblant à un grand plan d’eau rectangulaire allongé qui souligne d’un trait fort la longitude de ce nouvel espace culturel meublé résolument design, avec une touche de seventies et de pop art dans les agréables fauteuils de la bibliothèque, alternant les couleurs fortes, jaunes, oranges, violets, bleus, sur un fond étincelant de blancheur.
On pense autant aux taches expressives et méditatives de Joan Miró qu’à l’univers visuel d’’Orange Mécanique’...
Les ascenseurs sont vitrés et extérieurs, la promenade autour de l’eau est agréable, la fraicheur intérieure fait un délicieux contraste avec la chaleur torride de l’extérieur, et le wifi est gracieusement offert par l’armateur Stavros Niarchos, comme tout le reste, d’ailleurs.
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2017).
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