Pesaro (02) : Anna l’Italienne ou Fleur de cactus.
Anna l’Italienne m’invite dans sa maison, une bâtisse 1900 avec de (petites) velléités Liberty, l’Art nouveau italien, et beaucoup d’espace, une maison de trois étages, dont elle occupe les deux premiers.
Son jardin, qu’elle bichonne, a été photographié pour une revue, Giardino Antico, genre Côté Sud, déco et art de vie. Le titre : « Un giardino roccioso in città », un jardin pierreux en ville. On y trouve des cactées magnifiques, et un arrangement charmant de plantes vertes et de fleurs.
C’est une femme d’environ soixante-dix ans, très maigre, dans le style Zizi Jeanmaire pour le physique (des jambes et des bras bâtons), et dans le style Maria Pacôme pour l’élégance et le côté farfelu (la diction enjouée, les grands chapeaux assortis à toutes ses toilettes).
Anna était « maestra », institutrice, elle enseignait les beaux-arts et continue à peindre, des tableaux très particuliers avec la violence joyeuse et sinistre à la fois qu’on trouve dans les mascarades expressionnistes du peintre belge James Ensor.
Elle m’explique qu’elle a eu une période difficile où elle ne mangeait rien (elle est arrivée à ne plus peser que quarante kilos). Je comprends à demi-mots qu’elle s’est sentie lésée dans ses rapports familiaux, c’est la fille « sacrifiée » sur l’autel du respect pour les parents dont elle s’est occupé jusqu’au bout, comme le voulait la tradition (sa soeur vit à Bologne, son frère aux Philippines).
Elle dit : « Je suis née dans cette maison » et l’on comprend « et j’y mourrai ».
©Sergio Belluz, 2017, le journal vagabond (2014).
Illustration : « Commedianti »©Annamaria Mazza, 2015.
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